L’AUTOMNE NOUS ANGOISSE ET NOUS DÉPRIME

Tous ces sentiments liés à cette saison qu’est l’automne s’expliquent parfaitement, la psychologie et la science s’y sont penchées.

AUTOMNE – C’est officiel, l’été est derrière nous. L’automne est arrivé … Pour nombre d’entre nous, cet automne ne vient malheureusement pas seul, mais avec un peu de fatigue, une petite déprime et une pointe d’anxiété.

Souffrez-vous d’anxiété automnale ?

“Cela m’arrive chaque année, explique Therese Borchard, sur le HuffPost américain, quand je vois les premières feuilles dorées tomber du chêne devant notre maison, mon anxiété remonte en flèche. Je pensais que ma dépression était de retour, mais après avoir vécu la même expérience pendant plusieurs années, je sais maintenant que je vais vivre ma crise d’anxiété automnale: une sensation de nervosité qui part de mon ventre, qui commence la dernière semaine d’août et qui dure pendant quelques semaines en septembre”.

Anxiété automnale ou blues hivernal? Ce n’est pas la même chose. La dépression saisonnière ou le blues hivernal également appelé “trouble affectif saisonnier” est un mal bien connu, dû principalement au manque de luminosité pendant l’hiver. En automne, il est un peu trop tôt pour en ressentir les effets, on parle donc d’anxiété automnale.

Ce terme a été popularisé par une thérapeute du Pays de Galles, Ginny Sculy qui s’était aperçue que ses patients, elle y compris, souffraient de crises d’anxiété pendant cette période de l’année. “En deux semaines, j’ai eu affaire à 15 patients qui avaient tous les mêmes symptômes”, expliquait-elle en 2013 au site d’informations Wales Online. “Mes patients se disaient anxieux, alors que ce n’était pas dans leurs habitudes et n’arrivaient pas à connaître l’origine de cette anxiété. Ils avaient l’impression d’anticiper quelque chose sur lequel ils ne pouvaient pas mettre le doigt.”

Pour ne pas s’enfermer dans cette anxiété, Therese Borchard préconise d’être indulgent avec soi- même dans cette période délicate. À la rentrée, il est souvent question de nouveaux projets, de bonnes résolutions à adopter et à suivre coûte que coûte. Inutile de vouloir à tout prix multiplier les nouvelles activités et engagements que vous traînerez jusqu’en juin comme un boulet. “Ne vous méprenez pas, essayer de nouvelles choses EST très bon pour votre cerveau, nuance-t-elle. Une petite nouveauté peut créer de nouvelles synapses dans nos cerveaux et nous rendre plus intelligents et heureux. Mais c’est à vous de vous tourner vers des activités qui vont vraiment vous détendre plutôt qu’augmenter votre stress. Au lieu de m’engager à écrire un autre article par semaine pour un nouveau site ou collaborer à un projet de livre, j’ai décidé de profiter de mon temps pour suivre un programme de yoga sur 30 jours et d’apprendre à cuisiner de bons plats.”

Laissez-vous aller à la nostalgie de l’automne, pas à la déprime

Regarder la nature, s’endormir avec le froid et en profiter pour se recentrer, au coin du feu, sur soi, sur son univers, sur ses souvenirs en somme. Sur le site Quora, où des internautes du monde

entier postent des questions sur tous types de sujets, nombreux sont ceux qui ont même essayé de comprendre pourquoi l’automne pouvait provoquer ce genre d’émotions.

Un chercheur anglais en psychologie, Constantine Sedikides, s’est interrogé sur la nostalgie qui s’était emparée de lui au souvenir de l’automne. Nous étions en 1999 et il venait de déménager. Était-ce le début d’une déprime comme lui suggérait l’un de ses collègues? Non, ce sentiment ne le rendait pas triste. C’est à partir de ce moment-là qu’il fit de la nostalgie son sujet d’étude. Il a ainsi pu faire avancer la recherche et démontrer que ce sentiment pouvait contrer l’isolement, l’ennui ou encore l’anxiété.

“La nostalgie nous rend un peu plus humains”, explique le professeur Sedikides au New York Times. Après avoir récolté de nombreuses histoires dans son laboratoire de recherche et sur la base d’un test qu’il a mis au point et qui fait désormais référence, ce chercheur a compris que les souvenirs nostalgiques sont un moyen de nous raccrocher à notre entourage: “Les histoires nostalgiques commencent souvent mal, sur la base d’un problème puis elles tendent à bien se terminer grâce à l’aide de quelqu’un de proche. Ainsi, on finit avec un sentiment renforcé d’appartenance et d’affiliation et l’on devient plus généreux envers les autres.”

À la suite des travaux de Sedikides, deux équipes de recherche aux Pays-Bas et en Chine se sont intéressées au fait que la nostalgie ne nous réchauffait pas seulement le cœur mais le corps tout entier.

Les plus jeunes et les plus âgés

Selon le professeur Wildschut qui travaille avec Constantine Sedikikes, ce rapport entre l’esprit et le corps pourrait être un mécanisme d’adaptation hérité de nos lointains ancêtres. Et voilà qui explique aussi peut-être pourquoi ce sentiment peut nous surprendre plus en automne qu’en été par exemple.

Une chercheuse en psychologie de l’Université de Surrey en Angleterre a aussi montré que certaines personnes étaient plus enclines que d’autres à se montrer nostalgiques, les jeunes adultes et les personnes âgées par exemple. Ce sentiment s’affirme en effet particulièrement pendant les périodes de transitions. En ce sens, l’automne est le moment parfait. L’année touche bientôt à sa fin. En un rien de temps, décembre et les fêtes de fin d’année seront là, d’où l’envie de se remémorer l’année mais aussi plus largement de bons souvenirs.

Ce que la recherche a pu prouver, certains l’avaient déjà touché du doigt. Un texte publié dans
le Guardian en 1840 et mis en ligne en 2013 tente d’expliquer “la douce mélancolie de l’automne”. “Devant la nature désolée, nous ressentons la petitesse de nos propres passions; […] nous imaginons les tombes de ceux que nous détestons et de ceux que nous aimons. Chaque passion néfaste retombe avec les feuilles qui tombent autour de nous ; et nous retournons lentement chez nous, retrouver les gens qui nous entourent avec le seul souhait de les éclairer ou de nous consacrer à eux.”

De quoi regarder les feuilles d’automne, emportées par le vent, en ronde monotone tomber en tourbillonnant d’un autre œil….